Blogue

Portraits de gens d'ici: Mireille Gravel

Le nouveau guide touristique 2024-2025 est enfin arrivé! Commandez votre copie ou téléchargez-la

Plein feux sur Mireille Gravel, directrice générale de la Corporation Nibiischii

 

Mireille voit grand.

Pour celle qui a partagé son enfance entre Rimouski et plusieurs pays d'Afrique, le territoire d'Eeyou Istchee Baie-James représente un potentiel touristique infini. Mais pas de n'importe quelle façon!

Pour la biologiste, la conservation et la protection du territoire sont essentielles. Encore plus pour un environnement comme celui de la forêt boréale!

Si Eeyou Istchee Baie-James est occupée depuis des millénaires par les familles cries, elle est demeurée dans une large proportion intouchée par les activités commerciales. Et cet écosystème impressionnant doit absolument être préservé, protégé et célébré.

Arrivée à Chibougamau en 2008, Mireille n'a pas oublié le sentiment qui l'a frappée quand elle a aperçu ce territoire pour la première fois : les épinettes noires qui semblaient détenir toute la sagesse du Nord, le paysage découpé par les milliers de lacs et de rivières… un coup de foudre absolu !

Ce sentiment ne la quitte plus et lui sert de moteur dans tout ce qu'elle entreprend.

D'abord directrice générale de l'organisme FaunENord, Mireille a développé une foule de projets avec son équipe : projets éducatifs, entrepreneuriaux, services-conseils, recherche, mise en valeur des produits forestiers non ligneux… Pendant 10 ans, elle a contribué à la mise en valeur et au développement durable du territoire au sein de cet OBNL dynamique et innovant.

Et, un jour, une offre d'emploi tombe comme un cadeau du ciel : la Corporation Nibiischii, organisme cri de Mistissini, est à la recherche d'un gestionnaire pour la réserve faunique des lacs Albanel-Mistassini-et-Waconichi. Ce gestionnaire a aussi pour mandat d'accompagner la communauté dans la création d'un parc national.

Pour Mireille, qui avait toujours comme ambition de retourner dans le réseau des aires protégées, c'est le moment ou jamais de réaliser un rêve! C'est sans hésiter qu'elle s'est lancée dans l'aventure.

Elle est désormais à la tête de la plus grande réserve faunique du Québec : la réserve AMW s'étend sur plus 16 000 km carrés. On y compte plus de 5 000 lacs! Elle a pour mandat de compléter le transfert de gestion, de remettre les infrastructures à niveau et d'y développer de nouveaux produits et services. Il faut dire que jusqu'en 2017, la réserve faunique était gérée conjointement par la Sépaq et Mistissini ; c'est maintenant la Corporation Nibiischii qui l'assure.

LA CULTURE CRIE, AU CŒUR DU DÉVELOPPEMENT

Mireille et son équipe ne manquent pas d'idées pour faire de la réserve faunique un lieu hors du commun. Ici, on célèbre le patrimoine vivant. Tout en maintenant ce paradis de la pêche, on cherche à prioriser la culture crie, l'écotourisme et à se distinguer en proposant de l'hébergement unique.

En ce sens, elle travaille à diversifier l'offre de produits. De l'hébergement aux activités, il y en a désormais pour tous les goûts, même pour ceux qui ne pêchent pas!

Au-delà du tourisme culturel, l'objectif est de mettre en valeur le mode de vie cri, de le faire découvrir et de le partager.

« En venant en Eeyou Istchee, les gens veulent vivre des expériences culturelles cries, ils veulent voir, ressentir et en apprendre le plus possible sur cette vibrante culture, cette langue et ce mode de vie traditionnel bien vivants. »

Sur place, on peut maintenant suivre des ateliers d'artisanat avec des artistes et artisans cris.

Un réseau de parcours canotables diversifié et sécuritaire est en cours de développementAvec ou sans guide, ces sorties en canot-camping seront l'occasion parfaite pour une rencontre culturelle enrichissante.

Un centre d'interprétation mobile verra le jour dès la saison prochaine pour offrir des ateliers d'interprétation de la faune et la flore, indissociables de la culture crie. Ce centre sera aussi l'endroit idéal pour promouvoir l'art et l'artisanat d'Eeyou Istchee.

Une foule d'autres activités sont en préparation et devraient être offertes dans les prochains mois. La directrice et son équipe nous réservent de belles surprises!

Même la signalisation est remplacée, aux quatre coins de la réserve faunique, pour intégrer la toponymie crie des lieux et des lacs. En plus de mettre en valeur cette riche toponymie, ce changement vise à faire connaître, comprendre et respecter le territoire traditionnel cri, avec ses aires de trappes occupées par des familles. 

L'HÉBERGEMENT

Des camps prospecteurs aux chalets en passant par les campings, toutes les options sont bonnes pour profiter des différents secteurs de la réserve faunique.

Mais l'équipe de Mireille ne s'est pas arrêtée là : des Coolbox ont été ajoutées l'été dernier, dont certaines sont même flottantes! Très confortables, bien isolées et fonctionnant de manière autonome n'importe où sur le territoire, ces mini maisons conviennent aux couples, aux petits groupes d'amis comme aux familles.

Un prototype de smart camp a été spécialement conçu pour la Corporation Nibiischii. Ce mini campeur surnommé Nicikw — la loutre —, peut loger deux personnes et être attaché derrière une motoneige. On peut ainsi le déplacer presque n'importe où pour profiter de la grandiosité de la réserve faunique!

PROFITER DE LA RÉSERVE FAUNIQUE 365 JOURS PAR ANNÉE

Un des plus gros chantier sur lequel Mireille et son équipe travaillent est l'hivernation d'un secteur de la réserve faunique.

Les chalets du secteur Waconichi seront rénovés pour être habitables en toute saison. Des forfaits « tout inclus » ont même été testés cet hiver, comprenant une variété prometteuse d'activités : raquette, fatbike, paraski, motoneige, halte culturelle, atelier de perlage… Les prochains mois permettront de ficeler le tout pour que, dès l'hiver prochain, la réserve soit accessible pendant la saison froide.

En hivernisant les installations, une foule d'autres possibilités de développement s'ajoutent : tourisme d'affaires, tourisme de bien être, tourisme culinaire, retraites diverses, symposiums et expositions artistiques et culturelles, lieu d'enseignement en plein air et bien d'autres!

 

« Nous souhaitons faire de la réserve faunique un site pivot pour la région, un site dont les infrastructures pourraient être bénéfiques à d'autres entrepreneurs et promoteurs de projets touristiques. »

LE PARC NATIONAL NIBIISCHII : L'endroit où naissent les grands cours d'eau

En parallèle, Mireille travaille aussi à l'avancement de la création du parc national Nibiischii au nom de la Nation crie de Mistissini avec le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs.

Ce projet permettra de protéger près de 12 000 km carrés de territoire, du grand lac Mistassini aux splendides monts Otish. Les grandes orientations du projet de parc sont nombreuses, dont la conservation de Nibiischii — le pivot hydrologique du Québec, ainsi que la protection du caribou forestier. 

Mais ce futur parc, absolument unique, vise avant tout la protection et la mise en valeur du patrimoine vivant, soit le mode de vie cri — Eenou pimaatisiiwin.

« Un parc national, c'est prendre un échantillon représentatif d'une région et le mettre sous une bulle de verre pour en conserver sa beauté et son intégrité à perpétuité. C'est un endroit où le patrimoine vivant y perdure et est célébré. Mais cette bulle doit avoir une porte toujours grande ouverte pour y accueillir les gens d'ici et d'ailleurs, pour leur faire découvrir et vivre des expériences nature-culture exceptionnelles. »

Le parc national devrait voir le jour dès 2022. Il récupérera près de 4 000 km carrés qui sont actuellement sous la gestion de la réserve faunique, dont les secteurs du lac Albanel et de la baie Pénicouane.

Mais les habitués n'ont rien à craindre. Les activités et services offerts présentement y demeureront.

 

Envie d'en savoir plus sur l'expérience de pêche? Lisez le récit de l'équipe Hooké à la réserve faunique des lacs Albanel-Mistassini-et-Waconichi.